Et voila j'avais complètement oublier mais en regardant les schtroumfs donc voici pour vous ! :
La société des Schtroumpfs, monde merveilleux ou totalitarisme ?
Interview -
Maître de conférence à Science-Po, Antoine Buéno reconnaît dans la
société des Schtroumpfs "un archétype d'utopie totalitaire empreint de
stalinisme et de nazisme". Une démarche scientifique mais potache qui ne
remet pas en cause, précise-t-il, l'amour porté aux célèbres lutins
bleus...
A quelques semaines de la sortie en salle du film "les Schtroumpfs", Antoine Buéno,
maître de conférence à Science-Po, passe au crible de la science
politique la société de nos célèbres petits lutins bleus dans "le Livre
bleu". Une démarche "sérieuse, qui ne se prend pas au sérieux" et ne remet pas en cause, précise-t-il, l'amour qu'il leur porte.
TF1 News : La société des Schtroumpfs est à vos yeux "un archétype d'utopie totalitaire". En quoi ?
Antoine Buéno, auteur du "livre bleu" :
Elle présente en effet toutes les caractéristiques des sociétés
utopiques, comme le fait de vivre en autarcie. Le village est très
difficilement accessible. On n'y arrive qu'accompagné par un Schtroumpf.
Dans les sociétés totalitaires, il n'y a pas de structures
intermédiaires entre le chef et le peuple. On retrouve cet aspect chez
les Schtroumpfs, où il y a d'un côté le Grand Schtroumpf et de l'autre les petits Schtroumpfs,
sans familles, syndicats ou partis entre les deux. Comme dans les
totalitarismes, la société est divisée en corporations : chaque
Schtroumpf est caractérisé par le rôle social qu'il occupe. Il n'y a pas
exemple qu'un seul Schtroumpf bricoleur ou paysan.
TF1 News : C'est d'ailleurs comme ça que vous expliquez qu'il n'y ait qu'une seule Schtroumpfette au village ?
Antoine Buéno : Oui.
Dans une optique totalitaire et plus précisément traditionnaliste et
réactionnaire, être femme est une fonction sociale. Au même titre que le
schtroumpf cuisiner est le seul à représenter la fonction sociale de
faire à manger, la schtroumpfette représente seule la fonction sociale
d'être femme. Créée de toute pièce par Gargamel pour semer la zizanie
dans le village, elle est complètement artificielle. Selon la formule
célèbre de l'ennemi du village, elle est créée avec "un brin de coquetterie", "un doigt de tissu de mensonge cousu de fil blanc"... Peyo, l'auteur des Schtroumpfs,
s'amuse dans cette description - et moi avec lui - mais il ne livre pas
moins une vision rétrograde de la femme. Cela n'est pas totalitaire
mais les idéologies ne peuvent pousser que sur un terreau rétrograde.
TF1
News : La démocratie est, à vos yeux, une notion complètement étrangère
au monde des Schtroumpfs. Ils n'ont pourtant pas l'air opprimés !
Antoine Buéno : On
peut vivre pas trop mal dans une société non-démocratique. Comme quoi,
on a vraiment des préjugés démocratiques ! (rires). Mais effectivement,
les Schtroumpfs ne vivent pas en
démocratie. L'album "Le Schtroumpfissime" en dresse même une caricature.
Alors que le Grand Schtroumpf s'est absenté, les petits Schtroumpfs
ont la fausse bonne idée de lui trouver un remplaçant en organisant des
élections. Un Schtroumpf un peu plus malin que les autres comprend
qu'il peut se faire élire en racontant n'importe quoi, comme par exemple
en promettant la semaine des 7 dimanches au Schtroumpf paresseux. "Il suffit de leur faire des promesses", dit-il.
Il se fait élire haut la main et devient un affreux dictateur
totalement illégitime, réduit tout le monde en esclavage, ce qui conduit
à la guerre civile. C'est une présentation du piège démocratique.
TF1 News : Vous relevez aussi des marques de stalinisme. En quoi ?
Antoine Buéno :
Oui, mais attention, je le fais avec un sourire ! J'ai établi que le
Grand Schtroumpf, habillé de rouge, ressemblait beaucoup à Staline. Il
se comporte comme un parfait "petit père des Schtroumpfs". Le
Schtroumpf à lunettes peut être rapproché de Trotsky. Même s'il est le
bouc émissaire, c'est l'intellectuel et le contestataire du village. Son
personnage est le plus complexe puisqu'il incarne aussi la police
politique, en passant son temps à rappeler les préceptes du grand
schtroumpf. Enfin, les deux activités principales des schtroumpfs,
la cueillette et la construction d'un barrage, rappellent curieusement
les symboles du communisme, la faucille et le marteau. C'est troublant.
Le collectivisme en est un autre indice. Chez les Schtroumpfs,
tout est fait en commun, à commencer par les repas pris dans les
réfectoires. Quand apparaît un embryon de propriété privée, cela sème la
zizanie. L'album "Schtroumpf vert et vert schtroumpf" en fournit un bon
exemple. Le Schtroumpf bricoleur prête son marteau, ce qui devient un
des ferments de la discorde.
Le Grand Schtroumpf se comporte comme un parfait "petit père des Schtroumpfs"
TF1 News : Y'a-t-il également des traces de racisme ?
Antoine Buéno : Oui. On retrouve de l'antisémitisme, commun au stalinisme et au nazisme. Le faciès de l'ennemi juré des Schtroumpfs,
Gargamel - grand nez, laideur - renvoie à l'image du juif dans les
années trente. Ses motivations profondes, trouver le secret de la pierre
philosophale, relève de la cupidité, conformément à l'image
propagandiste du capitalisme apatride juif à cette époque. Son chat
s'appelle Azraël, très proche phonétiquement d'Israël. De la même
manière, la Schtroumpfette peut être vue comme l'idéalisation de la
blondeur de type aryen. En outre, le premier album des Schtroumpfs, "Les Schtroumpfs noirs" est intégralement consacré à la menace raciale. Les schtroumpfs tombent malades, deviennent noirs et perdent aussitôt toute forme d'intelligence. Ils passent leur temps à sauter, à faire "gnap gnap gnap" en
essayant de croquer leurs camarades pour les contaminer : un faisceau
d'indices qui font penser à la façon dont on pouvait percevoir les
africains à l'époque coloniale, notamment en Belgique - pays de Peyo -
qui a pratiqué l'un des colonialismes les plus rétrogrades. On y perçoit
la représentation courante à l'époque du nègre qui croque les blancs
après les avoir fait mijoter dans une marmite.
TF1 News : Peyo, créateur des Schtroumpfs, était donc antisémite et stalinien ?
Antoine Buéno :
Pas du tout. A ma connaissance, il ne s'intéressait même pas à la
politique. Et s'il avait un quelconque engagement en Belgique, c'était
plutôt du côté du centre-droit, ce qui n'a rien d'extrême. En fait, son
oeuvre véhicule une imagerie qui le dépasse. Ma théorie repose sur le
fait que cette imagerie - antisémitisme, nazisme - est ancrée dans les
esprits (le premier album des Schtroumpfs
paraît en 1959 NDLR) et s'exprime même si les mentalités ont évolué
depuis. C'est le cas pour beaucoup d'autres œuvres populaires, mais chez
Peyo, les stéréotypes qui en découlent sont quantitativement davantage
représentés. Mais il n'y a aucune raison d'arrêter de lire les Schtroumpfs. Ce n'est pas parce qu'on interroge l'imaginaire collectif d'une société qu'on met en cause les oeuvres qui s'en inspirent.
voila quand il ont rien a dire se qu'ils racontent !
A quand les bisounours ?